Le 31 décembre 1946, on retrouve dans les étangs, près de Mézières-en-Brenne, le cadavre d’un garde-chasse : Louis Boitard, abattu de quatre coups de feu dans le dos. Tout de suite, les autorités policières soupçonnent, arrêtent, torturent et font avouer un groupe de chasseurs qui, au moment supposé du crime, chassaient dans les étangs.
En dépit de nombreuses incohérences de l’enquête, les chasseurs sont condamnés. Deux d’entre eux vont devenir le symbole de l’une des plus grandes injustices du XXème siècle : Raymond Mis et Gabriel Thiennot. Au-delà du destin brisé de ces gamins, l’affaire Mis et Thiennot est passionnante pour ce qu’elle révèle de cette époque d’après-guerre. Les policiers qui enquêtent sont les mêmes que pendant l’occupation, ils ont les mêmes méthodes. Gabriel Thiennot est communiste, Raymond Mis, un émigré polonais. Ce sont des coupables désignés.
Graciés, pour ce qui concerne Mis et Thiennot au bout de sept ans et demi de prison, ils se sont battus depuis 60 ans pour prouver leur innocence et obtenir la révision de leur procès (5 requêtes en révisions). Gabriel Thiennot est décédé en 2003, mais Raymond Mis était présent à Paris, le 15 janvier 2007 pour une nouvelle demande en révision, une nouvelle fois refusée. Par sa durée, par l’obstination de la justice à refuser de revenir sur la chose jugée et par la persévérance des condamnés à clamer leur innocence, l’affaire Mis et Thiennot est comparable à l’affaire Seznec.